L’université a pour mission de transmettre aux étudiants des connaissances, de leur permettre d’acquérir des méthodes de travail, d’évaluer leurs capacités d’assimilation des bases scientifiques requises pour chaque niveau et type de formation, de les former à la recherche et de préparer au mieux leur insertion professionnelle. Ces missions sont essentielles et il convient de travailler continûment à consolider chacune d’elles. Mais il importe aujourd’hui d’aller au-delà. Les étudiants doivent pouvoir devenir des acteurs de premier plan de la vie universitaire et y trouver les moyens d’y développer leur citoyenneté. Cette ambition exige que l’université soit conçue comme un lieu de vie et de socialité qui rend encore plus étroites et plus dynamiques les relations entre les personnels, l’administration, les étudiants et les acteurs du monde socioprofessionnel.
L’université existe par et pour les étudiants, qui ne sont pas simplement des usagers, ni des consommateurs. Membres à part entière de la communauté universitaire, les étudiants y exercent des responsabilités et doivent pouvoir en faire aussi l’apprentissage. Leurs représentants doivent être à même de prendre part aux débats et aux choix décisifs, en particulier dans la période difficile que nous connaissons. Les problèmes financiers de notre université et la réduction de l’offre de formation mise en œuvre ces derniers mois, ont eu des effets dommageables sur leurs conditions d’études et leur capacité à mener à bien leur projet professionnel. Il conviendra non seulement de tenir compte de leurs demandes, mais aussi de les associer au processus de développement équilibré de l’offre de formation.
Près de 70% des étudiants ont une activité salariée qui leur permet de financer leurs études. Près de 30% d’entre eux connaissent des situations de précarité. Les associations et organisations étudiantes conduisent un travail d’accompagnement indispensable, soit au niveau de l’université (enquêtes sur les conditions de vie des étudiants, leur santé, leur accès au logement, organisation d’événements), soit au niveau des composantes (intégration, vie étudiante, amicales, lien avec les milieux professionnels etc..). Il conviendra de donner à ce travail d’accompagnement tout le soutien nécessaire et une plus grande visibilité afin de sensibiliser l’ensemble de la communauté universitaire aux résultats de ces actions et d’en intégrer les données en amont des choix à opérer.
Participation des étudiants à la vie institutionnelle de l’université
Une des premières mesures, non pas symbolique mais concrète et efficace en terme de participation active à la vie institutionnelle de l’université, est de proposer l’élargissement du périmètre de la vice-présidence étudiante, en y adjoignant deux vice-présidences déléguées dont les missions concerneront l’accueil des étudiants étrangers et les conditions de vie étudiante, en relation étroite, d’une part avec le VP Relations extérieures, d’autre part avec le VP Enseignement et formations (voir projet d’organigramme). Il faudra aussi veiller à ce que le CEVU se saisisse régulièrement des questions de vie étudiante, par des débats nourris.
Au-delà de ce renforcement significatif de la représentation des étudiants au sein de l’équipe présidentielle et de leur participation habituelle aux instances – rappelons que le CA comporte 5 sièges d’étudiants, le CEVU 16 sièges et le CS 4 sièges -, les étudiants devraient être impliqués plus directement dans leurs composantes et le fonctionnement de l’université par le biais de projets formateurs qui pourraient être valorisés dans leur cursus : analyse des formations, fonctionnement des composantes, audit financier, carte sanitaire, analyse de la précarité, etc.
Les étudiants se plaignent souvent que leurs préoccupations ne sont pas prises en compte ou sont mal entendues par les instances de direction de l’université. Il leur arrive aussi de s’opposer à des décisions qui leur semblent arbitraires. Afin que tout au long du mandat les étudiants aient une possibilité d’expression collective, il sera mis en place – à l’instar de ce qui est proposé pour les personnels – un droit de pétition permettant d’imposer à l’un des trois conseils centraux un débat et une délibération à propos d’un sujet litigieux. Le nombre minimum de pétitionnaires pourrait être fixé à 30% des étudiants inscrits dans une composante pour une thématique spécifique à la composante, ou bien à 1% de l’ensemble des étudiants inscrits à l’université (environ 420 pétitionnaires aujourd’hui) pour une question qui touche à la vie étudiante ou au fonctionnement de l’université.
Accompagnement et suivi individualisé des étudiants
Le développement d’une politique d’accompagnement individualisé des étudiants pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent est une nécessité, mais une telle politique doit tenir compte des contraintes propres à chaque composante, notamment du point de vue des effectifs étudiants concernés et du taux d’encadrement. Il apparaît donc que les modalités de ce suivi doivent être définies au niveau de chaque composante, en concertation avec les représentants étudiants, et en recherchant des voies nouvelles et innovantes, avec l’appui de la Vice-présidence « Enseignement et formations ». Des conclusions sans concession doivent être tirées du Plan Réussite en Licence et sans attendre les nouveaux dispositifs ministériels notre université doit travailler en urgence à une meilleure répartition des moyens, à la mise en place dans les composantes de véritables équipes pédagogiques et à une réflexion de fond sur les conditions d’étude (calendrier universitaire, rythmes de travail, temps d’étude…).
Un bilan sera fait des différentes expériences de tutorat selon les niveaux L, M et D. Il fera notamment le point sur la question de l’acceptation du tutorat par les étudiants en difficulté et sur la nécessaire formation des tuteurs. L’expérience du tutorat doit pouvoir être valorisée dans l’acquisition des compétences et dans l’investissement pédagogique. Par ailleurs, il serait possible de mobiliser l’Université du temps libre et de développer les liens intergénérationnels en mettant en place un tutorat des étudiants (particulièrement en L1) par de jeunes retraités, permettant ainsi d’établir un lien « citoyen ». Les seniors, du fait de leur expérience, pourraient compléter utilement la politique d’orientation professionnelle des étudiants en relation avec l’Espace Avenir et les structures existantes dans les composantes.
Repenser l’évaluation en tenant compte de la condition étudiante
L’adoption et la mise en place du contrôle continu intégral n’ont pas suffisamment pris en compte son incidence sur les étudiants salariés, sur le rythme des études et sur les spécificités disciplinaires. Les élus Agir Ensemble ont demandé une évaluation rapide du CCI. Celle-ci devra avoir lieu dès la fin du premier semestre, dans les premières composantes qui expérimentent cette nouvelle modalité d’évaluation. Un groupe de travail devra dès à présent se consacrer à cette évaluation et faire des propositions qui seront débattues en CEVU avant que les adaptations nécessaires soient soumises à une délibération des conseils.
Il conviendra tout d’abord que les spécificités disciplinaires soient pleinement respectées et que des assouplissements soient accordés aux composantes qui ne sauraient être soumises à l’imposition d’un modèle unique. Il faudra ensuite mieux tenir compte du rythme de travail des étudiants qui se plaignent aujourd’hui d’un cumul d’épreuves sur un laps de temps trop réduit. Il faudra enfin proposer des adaptations règlementaires qui permettront aux étudiants salariés de ne pas être pénalisés par le CCI. Cette évaluation ne saurait en aucun cas conduire à une rupture de l’égalité des chances entre les étudiants.
Cette réflexion urgente sur l’évaluation devra aussi trouver sa place dans une analyse plus globale des outils et techniques d’enseignement et d’évaluation qui impliquent aujourd’hui une prise en compte des supports dématérialisés et des possibilités qu’offre l’ensemble des moyens numériques. Des équilibres doivent cependant être ménagés entre les modalités et supports traditionnels de cours et les supports dématérialisés. La révolution numérique est aujourd’hui un véritable défi pour notre communauté universitaire : elle doit être accompagnée progressivement afin de ne pas aboutir à une rupture générationnelle entre une jeunesse rompue au monde virtuel et une communauté enseignante attachée à l’enseignement en présentiel.
L’insertion professionnelle des étudiants et son suivi
L’un des facteurs clés de la réussite des étudiants en formation en alternance (licence professionnelle et master) repose sur la possibilité d’effectuer leur formation (ou leur seconde année de formation pour les Masters) via l’apprentissage. Or, force est de constater que l’université de Strasbourg est très en retard sur ce dossier, souvent renvoyé aux enseignants prêts à s’y impliquer. Les formations en apprentissage sont pourtant appréciées tout autant des étudiants que des entreprises. Il est nécessaire que l’Université s’engage dans une réflexion approfondie sur les formations en alternance et sur les partenariats nécessaires pour mener à bien ces formations (région, organismes de formation pour adultes, entreprises, etc.).
Les comités de pilotage ou conseils de perfectionnement doivent pouvoir être généralisés aux formations « professionnalisantes », à l’instar de ce qui existe dans plusieurs d’entre elles (DUT, Licences professionnelles…). Ils devraient aussi intégrer des représentants étudiants.
Le développement souhaitable des licences professionnelles et de la formation en alternance ne doit pas toutefois occulter l’importance des formations disciplinaires traditionnelles orientées vers la recherche.
Dans ce domaine, alors que la distinction n’existe plus dans la loi, l’intégration reste encore à réaliser dans la pratique. Toute formation doit être basée sur les deux orientations, « recherche » d’une part, « professionnelle » de l’autre. C’est pourquoi nous proposons d’introduire des initiations à la recherche dès la licence, selon une pertinence de niveau en fonction des spécificités disciplinaires. De façon générale, la formation à la recherche doit intégrer une plus forte composante professionnalisante afin de faciliter l’insertion professionnelle de nos jeunes diplômés.
Si certaines composantes disposent de moyens humains et financiers pour assurer un suivi individualisé du devenir de leurs étudiants, force est de constater que d’autres ne peuvent compter que sur le travail de l’ORESIPE, dont les moyens ne sont pas à la mesure des enjeux actuels. Ils devront être renforcés. Les données issues de ces enquêtes sont pourtant cruciales pour faire évoluer l’offre de formation, pour asseoir le rayonnement des diplômes et des cursus de formation proposés par l’Université de Strasbourg. Le Service relations Alumni créé en 2012 mène un travail complémentaire. Il conviendra de réfléchir à la manière de mobiliser les associations et organisations étudiantes afin de les impliquer davantage dans cette démarche. Pourquoi ne pas inviter les associations d’étudiants à participer plus activement à l’animation des réseaux des anciens pour améliorer, par exemple, les retours aux questionnaires sur le devenir professionnel des étudiants ?
Mobilité internationale et accueil des étudiants étrangers
Notre université doit progressivement, lorsque cela est possible et financé, aider plus qu’elle ne le fait aujourd’hui au développement de formations à caractère international et susciter la mobilité des étudiants. Des aides financières, obtenues par la réponse à des appels d’offres internationaux ou par des accords bi-latéraux entre universités, doivent pouvoir être mis à disposition des étudiants pour les inciter à effectuer une partie de leur cursus à l’étranger.
Les conditions d’existence de nombreux étudiants étrangers sont particulièrement difficiles. Ils sont obligés de justifier de revenus réguliers – ce qui les oblige le plus souvent à travailler et rend parfois difficile le suivi des cours – et ils sont tenus de réussir leurs études plus vite que les autres, alors que le problème de leur intégration n’est pas suffisamment pris en compte par l’université. La création d’une fonction de VP délégué en charge de l’accueil et du suivi des étudiants étrangers doit répondre à cette demande criante de meilleure prise en charge de ceux qui constituent plus de 20% de la communauté étudiante de notre université.
Il s’agira donc dans un premier temps d’accueillir les étudiants étrangers dans les meilleures conditions, en les informant de leurs droits et de leurs devoirs, en facilitant leur accès au logement et leur recherche d’emploi. Ensuite, un suivi régulier des étudiants en difficulté ou en échec sera assuré par des équipes pédagogiques dédiées comprenant des enseignants-référents, des tuteurs et si nécessaire de représentants d’associations étudiantes. Une cellule de veille et d’alerte travaillant en liaison directe avec la présidence sera officialisée et aura pour tâche de trouver des solutions adaptées et d’éviter l’expulsion des étudiants qui rencontrent des difficultés pour renouveler leurs cartes de séjour. Un devoir de protection, de soutien et d’accompagnement des étudiants étrangers – lié au droit d’étudier en France – est de la responsabilité des instances de l’université, mais aussi, plus largement, de toute notre communauté universitaire.
Cet accompagnement des étudiants étrangers passe aussi par un soutien linguistique d’une toute autre ampleur que ce que notre université leur propose actuellement. Dans le cadre de la refonte de la politique des langues dont le processus ne sera pas laissé dans les mains de quelques personnes, il faudra veiller à ce que le FLE et les nouvelles structures d’enseignement des langues disposent des moyens suffisants pour offrir aux étudiants étrangers des formations accélérées de mise à niveau linguistique et un suivi plus fin de leurs apprentissages par des enseignants-référents et des tuteurs.
Mieux connaître et améliorer les conditions de la vie étudiante
De nombreux cursus de formation conduisent les étudiants à développer des compétences dans des domaines qui pourraient concrètement servir à mieux connaître – et par conséquent mieux aider – l’ensemble des étudiants de l’Université de Strasbourg. En plus des axes de recherche actuels des laboratoires strasbourgeois, un certain nombre de projets pourraient ainsi concerner la vie quotidienne des étudiants. Concrètement il s’agirait d’initier des projets interdisciplinaires – qui pourraient aller de la santé à la sociologie en passant par la psychologie – pouvant déboucher sur la création d’un Observatoire permanent de la Vie étudiante. L’étude et l’analyse des causes spécifiques de la précarité des étudiants strasbourgeois sont un préalable à la mise en place d’une politique efficace et solidaire.
Par ailleurs des études annuelles permettraient d’avoir des outils de suivi et d’aide à la décision pour une politique de santé mieux maîtrisée et plus efficace. Les mutuelles étudiantes qui gèrent l’assurance maladie et la complémentaire santé des étudiants pourraient utilement contribuer à ces études sur leurs fonds d’action sociale. Enfin des études devront être conduites pour mettre en place rapidement un nouveau système d’information unifié sur l’accès au logement, les transports, les aides sociales, la vie culturelle et plus largement tout ce qui relève de la vie étudiante. Certes, les organisations étudiantes n’ont pas attendu les services de l’université pour participer à la réalisation d’un tel travail : elles seront soutenues dans leurs actions. Mais elles seront invitées à mieux se coordonner avec les services de l’université, dans un souci de plus grande efficacité.
Il conviendra aussi d’étudier les conditions de possibilité et de mettre en œuvre dès que possible un aménagement des horaires d’ouverture des bibliothèques, des cafétérias et des espaces sportifs, associatifs et de loisir qui soit enfin compatible avec l’idée qu’on peut se faire d’un campus vivant. Cette étude doit se faire en concertation avec les personnels et leurs représentants. Une ouverture de certains bâtiments jusqu’à 22h est aujourd’hui une nécessité. Il n’est pas admissible que les cafétérias ferment à 18h et qu’aucune animation ou spectacle ne soit possible après 20h sans devoir faire appel à des sociétés privées de gardiennage. Un campus animé et citoyen qui aspire à devenir un lieu de vie ne peut être réglé sur des horaires de bureaux.
Développer les services et les emplois étudiants sur les campus
Nombre de services sur les campus universitaires permettent d’améliorer les conditions de vie et d’étude (gestion de restaurants/bars d’amicales, emploi de maintenance sur les campus, crèche, aides aux personnes handicapées, sécurité sur les campus, tutorat, monitorat, organisation de manifestations culturelles…). Ils sont, pour ceux qui s’y investissent, une mise en situation dans un environnement social et culturel. Ils pourraient ne pas relever du simple bénévolat et être validés dans certains cursus de formation par l’attribution d’ECTS dès lors que l’activité exercée représente un certain volume horaire et a une valeur réelle de formation. A titre d’exemple, l’université pourrait aider à structurer une offre de cours particuliers aux collégiens et lycéens, assurés par les étudiants des masters d’enseignement.
Ces différentes expériences et leur validation sur le même modèle que la VAE contribueraient à reconnaître l’investissement des étudiants dans des activités apportant une plus value sur le campus et favorisant le devenir citoyen des étudiants. Elles pourraient améliorer l’ouverture sur la cité et développer des réseaux de coopération et d’échanges entre divers partenaires institutionnels, sociaux, associatifs ou économiques.
Je me permets de vous rappeler que les étudiants étrangers ressortissants de pays étrangers hors espace européen économique n’ont pas de « droit à étudier en France », mais simplement vocation, la police des étrangers est de la compétence de Monsieur le Préfet
cordialement
romain
Hé allez-y, ça faisait longtemps qu’on n’avait plus entendu un amalgame complet entre étudiants de niveau L et M et entre doctorants. Ah non, pardon, en fait c’est récurrent et vous tombez dans le panneau aussi. C’est dommage, votre programme pour le CS donnait à croire que vous aviez compris la différence. J’y avais cru. Dois-je commencer à regretter mon vote ?
Cher Vincent Delville,
Ne regrettez rien. Vous avez bien voté. Et pour vous en convaincre, je vous suggère d’aller consulter notre chantier n°1 qui contient des propositions pour les jeunes chercheurs.
Nous ne confondons pas le statut légal et la fonction universitaire de nos collègues jeunes chercheurs.
Bien à vous