Propositions de l’intersyndicale Agir Ensemble
pour une nouvelle politique des langues à l’Université de Strasbourg
Notre université travaille à une refonte de l’ensemble de sa politique des langues. C’est un dossier central et stratégique auquel les élus Agir Ensemble accordent la plus grande importance. Il aura de fortes incidences en termes de structures administratives, d’emploi, d’offre de formation et de recherche.
Suite au rapport rédigé par Albert Hamm et sur la base des propositions qu’il contient, un Comité de pilotage a été mis en place et différents groupes de travail se sont réunis. Des membres d’Agir Ensemble, impliqués à titres divers dans l’enseignement des langues, ont participé à ces travaux et ont élaboré une série de propositions et d’orientations qu’ils souhaitent aujourd’hui mettre en débat. Les orientations qui suivent constituent une première contribution à ce débat et seront présentés lors de la réunion ouverte du 12 avril (de 12 à 14h au Patio, salle 3209).
- 1. Une nouvelle structure qui respecte l’intégrité des composantes et favorise une vraie coordination de la politique des langues :
Les groupes de travail ont constaté à plusieurs reprises la nécessité de concevoir une nouvelle structure qui coordonnerait plus efficacement les enseignements des langues à l’UdS. A côté de la Faculté des langues et des cultures étrangères et de l’UFR LSHA, de multiples structures aux statuts très divers ont en charge l’enseignement des langues pour spécialistes d’autres disciplines (LANSAD), y compris le FLE : CRAL, CRL de l’ex-ULP, CFL, SPIRAL, Ecole des Langues et des Cultures, DLADL, IIEF, etc. Ainsi que le préconise le rapport Hamm nous sommes favorables à la création d’une UFR LANSAD qui permettrait de regrouper l’ensemble de ces structures dans une composante unique. Cette UFR pourrait comporter un département spécifique de FLE doté d’une structure administrative propre. Elle devrait définir et développer ses activités dans le respect des objectifs de formation des différentes composantes de l’UdS. Nous sommes opposés à tout projet de Service commun, comme à toute structure administrative unique qui dirigerait et engloberait les deux composantes actuelles et la composante LANSAD. Les trois composantes doivent avoir une totale indépendance administrative et financière. De manière complémentaire, un Conseil des Langues, composé d’élus issus principalement de ces trois composantes, pourrait être établi en vue de coordonner la politique des langues au niveau de l’université. Les membres d’Agir Ensemble ne sont pas favorables à la création d’une Maison des Langues ni à quelque structure unique que ce soit qui engloberait les trois composantes. Le gigantisme n’est pas ici, comme en d’autres domaines, un gage de cohérence et d’efficacité. Nous suggérons donc que soit mis en place un Groupe de travail chargé d’étudier précisément les conditions de la création d’une UFR LANSAD.
- 2. Une politique d’emploi à la hauteur des besoins et des enjeux :
Les organisations syndicales Agir Ensemble veilleront scrupuleusement à ce que la restructuration de la politique des langues ne soit pas conduite à des fins d’économie d’échelle. Elle doit respecter la diversité de statut des personnels et offrir aux plus précaires des perspectives réelles d’emploi stable, d’accès à la formation et d’évolution des carrières. Pour cela, que ce soit dans les composantes « historiques » ou la nouvelle UFR LANSAD, les emplois contractuels, en particulier des ex-vacataires de langue, doivent évoluer vers des CDI et des perspectives de titularisation. L’accès à la recherche doit être favorisé et il faudra veiller à ce que les formations LANSAD soient solidement adossées à des équipes et des laboratoires afin de développer la didactique des langues et une véritable pédagogie universitaire des LANSAD qui ne saurait se réduire à un service d’ingénierie pédagogique. Aussi faudra-t-il être attentif à ne pas opposer l’enseignement des langues aux non spécialistes et l’enseignement des spécialités en langues étrangères. Les deux doivent pouvoir se développer de façon équilibrée et harmonieuse, dans le respect de la diversité des enseignants. Le contexte actuel de fortes tensions budgétaires ne saurait servir de prétexte à une restructuration au rabais qui pourrait conduire l’université à se séparer de certains de ses enseignants les mieux formés, qu’ils soient contractuels ou de statut de second degré. Nous ne saurions l’accepter. Une évolution de la politique des langues à moyens constants est illusoire. Des postes d’enseignants-chercheurs devront être créés pour asseoir durablement les liens entre formation et recherche. Le budget recherche de l’UdS devra pouvoir abonder la demande des laboratoires et équipes de la nouvelle composante sans amputer les moyens des équipes attachées à la Faculté des Langues et à l’UFR LSHA.
- 3. Une politique des langues au service de tous les étudiants :
Les organisations syndicales Agir Ensemble sont attachées au principe d’un accès libre à toutes les formations LANSAD, sans droits d’inscription spécifique, y compris pour le FLE. Nous suggérons que soit mise en œuvre une réflexion approfondie et une évaluation précise des procédures de certification, qui ne cessent de se multiplier alors qu’elles ne sont pas toujours probantes et tendent à transformer les enseignants en prestataires de service. La place de l’anglais qui tend à s’accroître démesurément ne doit pas occulter la nécessité d’une offre de formation riche en nombre de langues proposées et d’une diversité des approches pédagogiques. Il faut en outre viser une meilleure adéquation entre l’offre et les besoins réels des étudiants, en fonction de leur projet professionnel, en cohérence avec les diplômes qu’ils préparent et sans négliger la vocation humaniste de notre université qui associe étroitement recherche, formation et culture.
Une information plus efficace des étudiants et une meilleure lisibilité de l’offre de formation sont également nécessaires afin de proposer, en particulier aux étudiants étrangers, un accueil digne de ce nom. Enfin, notre université ne pourra faire l’économie d’un lieu de travail et de vie où les étudiants français et étrangers pourront se rencontrer, partager leurs langues et leurs cultures et s’enrichir mutuellement.
Il nous semble important que ces trois orientations soient soumises au Comité de pilotage et que celui-ci puisse se prononcer sur ces diverses propositions. Si la politique des langues à l’UdS requiert de renouveler les modes d’études et d’apprentissage, nous devons veiller à maintenir les libertés pédagogiques des enseignants et des enseignants-chercheurs. Il ne s’agit pas de demander aux étudiants de se mettre en conformité avec des structures existantes qui ne sont pas toujours satisfaisantes, ni de se mettre aux normes d’une gestion utilitariste ou de sacrifier à la mode de l’ingénierie, mais de pouvoir répondre de façon souple et diversifiée à des attentes multiples. Ne nous leurrons pas : de nouveaux moyens humains et financiers seront nécessaires pour parvenir à une plus grande cohérence et une meilleure lisibilité de notre offre de formation en langues.
Agir Ensemble pour une Université Démocratique
(SUD Education UDS, SNESUP-FSU, SNCS-FSU, SNASUB-FSU, SNTRS-CGT, SES-CGT, SNPREES-FO)