Communiqué d’associations et d’organisations syndicales
de l’Université de Strasbourg, le 25 Novembre 2013
Les associations et les syndicats de personnels et d’étudiants soussignés expriment leur plus vive indignation suite aux propos qui ont été tenus par un conférencier dans l’enceinte de l’Université de Strasbourg le 15 octobre 2013, lors d’une réunion publique organisée parL’Observatoire de la théorie du genre et intitulée « La théorie du genre et ses conséquences sur l’éducation de nos enfants ».
Non seulement a été publiquement mise en cause la légitimité de nombreux enseignants et chercheurs conduisant des travaux sur les questions d’égalité hommes/femmes, sur l’histoire des femmes et en études de genre, non seulement le conférencier a lancé un appel public au signalement de tous les enseignants (du primaire au supérieur) appliquant les directives ministérielles sur l’enseignement du genre en Histoire et Sciences de la Vie, mais encore et surtout, des propos ouvertement discriminatoires ont été tenus par le biais d’une projection de photos de personnes transsexuelles – censées incarner les conséquences pour « nos enfants » de la « théorie du genre ».
Il convient de rappeler que de telles discriminations tombent sous le coup de la loi et que par conséquent notre université serait fondée à porter plainte. Il convient aussi de dire haut et fort que les études de genre constituent des recherches scientifiques reconnues par les instances nationales, et que s’en prendre à celles-ci revient à mettre directement en cause la liberté de la recherche.
La présidence était alertée sur la tenue de cette conférence pour laquelle les organisateurs ont obtenu l’autorisation d’utiliser un amphithéâtre de la Faculté de droit. S’il nous a été répondu que l’université serait vigilante à ce que ce « débat ne soit pas l’occasion d’une tribune politique ou d’un trouble à l’ordre public », rien n’a pourtant été fait pour prévenir la manifestation dans notre université de comportements hostiles à la recherche et qui n’y ont pas leur place.
Nous tenons également à répondre à la proposition faite par le président Alain Beretz de débattre avec de telles associations. Celles-ci sont pourtant sans aucune légitimité scientifique. Imagine-t-on un instant que notre université soit prête à laisser s’exprimer sans réaction forte des créationnistes qui remettraient en question la légitimité des Sciences de la Vie ? Les Sciences Humaines et Sociales, comme les autres secteurs disciplinaires, ne doivent-elles pas bénéficier de toute la protection institutionnelle voulue ? La présidence, qui a mis sous la protection académique de notre université une chercheuse et militante féministe dont nous soutenons le combat, peut-elle dans le même temps accepter que des recherches scientifiques reconnues par les instances nationales soient ainsi salies dans nos propres locaux ?
Nous appelons l’équipe présidentielle à faire preuve de davantage de vigilance face à la tenue de débats litigieux dans l’enceinte de l’université, à prendre avec davantage de sérieux les messages d’alerte qui lui sont adressés et à refuser les interventions faisant l’apologie de postures discriminatoires (racisme, sexisme, homophobie, transphobie). Nous l’appelons aussi à donner à la mission Égalité-Diversités tous les moyens nécessaires à une véritable politique de lutte pour l’égalité et contre les discriminations, au service de nos personnels et étudiants. Il est temps que dans une université qui affirme régulièrement son attachement aux valeurs humanistes, soit initiée une politique résolue de sensibilisation et de prévention dans le domaine de l’égalité et de la lutte contre toutes les discriminations.
EFiGiES-Strasbourg, ADDAL, UDEES, UNEF, SNESUP-FSU, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, Sgen-CFDT, SNPREES-FO, UNSA-A&I, Sud Éducation Alsace, SNTRS-CGT, SES-CGT.