La communication de la Cour des comptes sur la filière droit vient à point nommé pour rappeler quelques évidences :
- « Le droit est la filière universitaire non sélective la plus attractive aux yeux des étudiants ». Elle accueille chaque année un nombre croissant d’étudiants (+14% sur 2004-2010 contre +2% en moyenne sur l’ensemble des universités).
- La faculté de droit de l’Université de Strasbourg est la plus grosse composante en effectifs étudiants : 5323 en 2011/12.
- Les enseignants sont confrontés à deux exigences : accueillir un nombre croissant d’étudiants, garantir leur réussite et leur insertion professionnelle et mener des recherches d’excellence. Mais « son faible taux d’encadrement » (à quand une étude spécifique du service d’aide au pilotage sur le taux d’encadrement enseignants/étudiants ?) « l’empêche de bénéficier pleinement des principaux instruments de réforme des universités … pour répondre aux deux exigences ».
- Des moyens financiers des UFR droit significativement plus faibles que celles des autres UFR. Des universités (et la nôtre en fait partie) « pour lesquelles le droit est avant tout une discipline incontournable de premier cycle, offrant un important contingent d’inscriptions, sans être une préoccupation majeure de l’établissement ».
- L’absence de moyens des UFR en droit conduit à une faible réactivité des équipes : les formations d’excellence se développent mais en dehors de l’Université et moyennant des frais d’inscription élevés ; la recherche en droit est peu concernée par la stratégie nationale de recherche et d’innovation, elle n’est pas suffisamment perçue comme un enjeu stratégique.
Hier nous avons réduit le nombre de TD, supprimé la documentation papier ; aujourd’hui il nous est demandé de poursuivre les efforts : supprimer les TD en M1, réduire le volume des cours sous peine de subir des coupes encore plus drastiques.
Le contrôle continu intégral : pas de problème, peu importe la taille des promotions, passez donc aux QCM !
Quelle méconnaissance des métiers du droit qui exigent différents savoir faire : raisonner, écrire, argumenter, prendre la parole.
Mais pourquoi les étudiants de l’IEP ou de l’IPAG réussissent-ils là où les nôtres échouent ? Parce qu’ils sont préparés à ces exercices, là où nos étudiants arrivent parfois en Master 2 sans avoir jamais pris la parole au cours de leur cursus : la faute aux amphis de 500 étudiants dans les premières années, 100 à 200 dans les Masters 1. Alors supprimons les épreuves de 3 heures, les TD, réduisons les volumes horaires, nous contribuerons à ce « taux de réussite très inférieur à la moyenne constatée dans les autres disciplines ».
Mais nous sommes tentés par cette voie : le nombre de doctorants est en chute libre, les postes d’ATER en voie de disparition, nos métiers ne sont plus attractifs, notre relève n’est plus assurée…
Et si se profilait à l’horizon cette université à 2 étages : l’excellence d’une part, les licences professionnelles d’autre part. Devinez où se situerait la faculté de droit ?