Le scandale récurrent des promotions locales

Nul dossier plus sensible que celui de la promotion locale des enseignants-chercheurs ; mais guère de dossier non plus qui soit plus révélateur de la conception que l’on se fait de l’université, de ses valeurs et de sa déontologie. Aussi vaut-il la peine de regarder d’un peu près la manière dont cette question a été traitée par l’équipe sortante.

On observera d’abord que le président du CS a été malgré lui dessaisi du dossier au profit du VP-RH, avec pour conséquence notable qu’en quatre années de mandature, les élus du CS n’ont jamais eu à débattre une seule fois ni de la procédure, ni des principes généraux, ni des critères exigibles en matière d’avancement. Que pouvait-il résulter d’un tel vide institutionnel et d’une telle absence de débat démocratique, sinon le champ libre à l’arbitraire, au favoritisme, voire au clientélisme le plus éhonté ? Les exemples sont légion et avérés : scandaleuses disparités de traitement entre les disciplines (ici on accède allègrement à la classe exceptionnelle à un âge où ailleurs on peine à devenir PR) ; promotions indues accordées à des collègues au dossier scientifique étique et/ou n’ayant exercé nul mandat ni responsabilité administrative conséquents; collègues promus deux fois lors de la même mandature etc. Autant de manquements si caractérisés que le CS jugea nécessaire de reprendre la main in extremis, en votant une directive d’encadrement des promotions le 13 novembre dernier, soit quelques semaines avant sa dissolution ! Et que stipule cette directive ? Que nul ne peut être promu en l’absence d’un bon dossier scientifique et d’un fort investissement dans l’université. Où la farce d’une décision sans effet se double d’un aveu tacite : c’était donc possible jusqu’à présent, c’est-à-dire pendant les quatre années de la mandature écoulée…

Dans le but de rétablir une confiance gagée sur le respect de la déontologie la plus élémentaire, il faudra inversement que dès le début de sa mandature, le CS nouvellement constitué se saisisse de la question et prenne les mesures qui s’imposent au triple plan de la procédure, des principes et des critères d’avancement.

A – Au plan de la procédure, il conviendrait donc de rapatrier la gestion des promotions au Conseil scientifique, seule instance apte à se prononcer en connaissance de cause. L’instruction des dossiers ne devrait plus être confiée à un rapporteur unique choisi de façon discrétionnaire par le VP-RH, mais par un collège pluridisciplinaire dûment élu.

B – Au plan des principes généraux, il faudrait surtout veiller :

  • à observer une stricte égalité de traitement entre les disciplines, eu égard notamment à l’âge respectif des candidats,
  • à interdire qu’un même collègue puisse être promu deux fois par les mêmes (i.e. au cours d’une même mandature, réserve faite d’une promotion toujours possible au plan national).

C – Quant aux critères d’avancement, l’équité et la transparence font obligation au CS de les préciser et de les fixer de façon pérenne pour l’entière durée de la mandature. Il va de soi que ne devront désormais être promus au plan local que des candidats justifiant à la fois d’un excellent dossier scientifique et d’un engagement sérieux et durable au service de l’université.

À propos de Pierre Hartmann

Directeur de l’École doctorale des Humanités, candidat au Conseil Scientifique
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Une réponse à Le scandale récurrent des promotions locales

  1. vieuloup dit :

    « … ne devront désormais être promus au plan local que des candidats justifiant à la fois d’un excellent dossier scientifique et d’un engagement sérieux et durable au service de l’université » : il devrait être absolument inutile d’avoir à rappeler une telle évidence !

    Quand on a eu comme moi, dans le passé, des responsabilités dans le domaine en question, je suis très triste de lire votre article et de constater que ce qui était une évidence il y a quelques années est à présent un souhait dont il n’est pas certain qu’il soit mis en oeuvre !

    A lire sous la plume du candidat déclaré de la liste UDS l’amorce de l’équipe qu’il va constituer, on peut être certain que la politique en matière d’emploi et de gestion des carrières ne va pas évoluer, et que le CS se verra probablement confisquer toute possibilité de changer les modalités de promotion.

    Il appartient donc aux électeurs de choisir des Conseils qui ne soutiendront pas la politique passée et ne rééliront pas le Président sortant et son équipe.

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