Je viens de retrouver ce communiqué du mois de juillet qui reste d’une grande actualité dans cette campagne électorale. Il me semble important de le proposer à nouveau à la lecture.
« Y aurait-il trop d’heures de cours à l’Université de Strasbourg comme certains pouvaient juger que la musique de Mozart comportait « trop de notes » ? Y aurait-il trop d’options, trop de parcours, trop de diplômes? C’est désormais le discours officiel tenu par l’équipe de direction et la présidence de l’Université de Strasbourg. Pour rendre l’offre de formation « soutenable », il serait devenu urgent de « dégraisser les maquettes », selon une expression entendue à l’occasion d’un Séminaire sur le « Coût de l’offre de formation » (COF) le 4 juillet dernier et à plusieurs reprises lors du « dialogue de gestion » entre les composantes et la direction de l’université. « Dialogue » qui se résume désormais à la pure et simple application des mesures d’austérité dictées par la Lettre d’orientation budgétaire 2013 du Président Alain Beretz : gel de postes, non renouvellement de contrats, non habilitation de maquettes dans le cadre du dialogue avec le MESR, suppression massive d’heures d’enseignement : 25 000 heures de moins en 2012 et 40 000 heures de moins pour 2013, cet objectif de réduction ayant été officiellement annoncé le 15 juin alors que les services étaient déjà répartis à cette date. Cette réduction témoigne pour le moins d’un problème grave de pilotage dans notre université et assurément d’un manque de considération pour ses composantes. Est-ce ainsi qu’on promeut le « dialogue » ?
Pourquoi, en effet, délivrer une offre de formation variée dans une université ? Qu’a-t-on besoin de tous ces cours, de toutes ces matières ? Pourquoi proposer aux étudiants des travaux en petits groupes et des options ? Alors qu’il suffit de réduire le nombre des TD, de supprimer des options, de congédier des vacataires et de tasser les étudiants dans des amphithéâtres déjà surchargés pour faire des économies. Voila la seule solution qui nous est proposée : faire moins de cours pour davantage d’étudiants avec moins de personnels. Ainsi nous ferions des « économies ».
Car la vérité est là : l’Université de Strasbourg, si choyée par l’ancien gouvernement, n’aurait plus d’argent. Plus d’argent à tous les niveaux : pour les personnels, pour assurer les enseignements, pour achever les travaux des laboratoires de chimie… Or les solutions proposées par la Présidence consistent à économiser sur nos missions et nos richesses essentielles : notre offre de formation, sa diversité disciplinaire et le niveau d’encadrement des étudiants. Cela n’est pas acceptable et n’est pas accepté par le SNESUP-FSU de l’Université de Strasbourg. Il s’agit d’une erreur stratégique majeure. D’autres solutions sont possibles, d’autres choix doivent être faits, même si des mutualisations et des rationalisations de notre offre de formation doivent être discutées.
Depuis quatre ans les communiqués de la présidence se sont félicités de toutes les réformes de l’université : la fusion, la LRU et son « autonomie », les Responsabilités et Compétences élargies, l’IDEX, les bienfaits de la politique d’excellence, au point que la communauté universitaire de Strasbourg avait pu rêver échapper au sort commun d’un enseignement universitaire notoirement sous doté. Le réveil est brutal. Cette fameuse « autonomie » dont nous avions la bouche pleine il y a encore deux ans commence à nous rester en travers de la gorge : il s’agit d’un slogan factice qui ne trompe désormais plus personne. La seule autonomie que nous ayons est de constater l’insuffisance de la dotation de la tutelle et de devoir effectuer nous-mêmes les coupes budgétaires. Le Premier vice-président notre université, Michel Deneken, en a fait lui-même le constat : l’université sous contrainte budgétaire est amenée à faire elle-même « le sale boulot » des coupes dans l’offre de formation. Sauf que lorsque les présidences d’université endossent en leur nom ces politiques sans réagir et sans protester, elles s’en font alors les complices puisqu’elles affaiblissent les possibilités de mobilisation et d’action vers nos tutelles.
En cela, l’actuelle présidence de l’Université de Strasbourg porte une grande responsabilité en acceptant l’affaiblissement de notre établissement. Le SNESUP-FSU souhaite une autre politique, construite sur des mesures concertées et non imposées unilatéralement à la veille de l’été, plus respectueuse des composantes et de leur travail. Nous les invitons à faire connaître leurs difficultés et nous les soutiendrons dans la mesure de nos possibilités, notamment au sein des conseils centraux où nous œuvrons pour la sauvegarde de l’offre de formation de notre Université. »