Bonapartisme universitaire

« Il faut un Président à la France » affirmait le slogan de la campagne de Valéry Giscard d’Estaing en 1981.  « Il faut un président à l’université de Strasbourg » semblent susurrer les soutiens d’Alain Beretz dans les DNA de ce jour.

Les Français étaient bien persuadés qu’il fallait un président à la France. La suite a montré qu’ils savaient également le choisir.

La véritable question est la suivante : un Président, sans doute, mais pour quoi faire ?

  •  Faut-il un Président pour couper l’offre de formation et en particulier les heures de travaux dirigés ?
  • Faut-il un Président pour expliquer que, de toute façon, ces heures n’avaient pas de justification pédagogique ?
  • Faut-il un Président pour transférer la gestion de tous les contrats de recherche à une société de droit privé, la Satt ?
  • Faut-il un Président pour réduire les budgets récurrents de tous les laboratoires de l’université ?
  • Faut-il un Président pour supprimer les appels à projet du Conseil scientifique ?
  • Faut-il un Président pour concentrer les budgets de recherche sur les laboratoires déjà les mieux financés ?
  • Faut-il un Président pour diminuer le référentiel et la rémunération des tâches des universitaires de 20 % ?
  • Faut-il un Président qui renonce à pourvoir un nombre croissant de postes universitaires pour rogner sur la masse salariale alors même que les étudiants sont plus nombreux ?
  • Faut-il un Président pour diviser par trois les réserves de l’université ?
  • Faut-il un Président qui après avoir fait passer ces réserves en deçà du seuil d’un mois de paiement des salaires ne propose aucune analyse sérieuse des raisons et responsabilités réelles de cet événement ?
  • Faut-il un Président pour transformer le Conseil d’Administration en chambre d’enregistrement d’un pouvoir personnel ?
  • Faut-il un président pour assister passivement à la contraction de nos budgets alors que tant d’autres présidents d’université savent réagir ?

La question est donc bien celle-ci : avons-nous besoin d’un président qui ne proposerait rien d’autre que la continuation d’une action qui prend tous les jours davantage la forme d’un passif ?

Nous pouvons en revanche voter pour une équipe qui offrira des perspectives nouvelles et dont le programme ne se résumera pas au plébiscite bonapartiste d’un candidat unique.

À propos de Philippe Juhem

Membre sortant du CA et candidat au CS
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Une réponse à Bonapartisme universitaire

  1. Z dit :

    « La question est donc bien celle-ci : avons-nous besoin d’un président qui ne proposerait rien d’autre que la continuation d’une action qui prend tous les jours davantage la forme d’un passif ? »

    La réponse devrait être: nous n’avons finalement pas besoin de président du tout, ni de VPs dans un contexte aussi ravagé par la centralisation…que dis-je de la confiscation du pouvoir par une clique de gérontes sans légitimité démocratique.

    Il faut refonder cette République des Savants qu’est l’Université et rendre à ses ouvriers le pouvoir qui est le leur.

    Souhaitons que le résultat du scrutin ouvrira des pistes pour une véritable renégociation en profondeur de ce texte de loi honteux qu’est la LRU de Mme Pécresse.

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