Mastérisation et démocratie

Lettre ouverte des organisations syndicales
au Président et aux Vice-Présidents de l’Université de Strasbourg

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-Présidents,

La réforme de la formation des enseignants a été au cœur d’un mouvement de protestation qui a laissé des traces profondes dans notre université. Les incertitudes et les inquiétudes de la communauté universitaire n’ont pas disparu et les décrets publiés cet été ainsi que le calendrier qui nous est imposé ont pu les renforcer. Après que le Congrès du 13 février dernier s’est engagé à ne pas faire remonter les maquettes de master au ministère, nous entrons aujourd’hui dans une phase d’élaboration active de celles-ci sans que le principe même de cette élaboration ait fait l’objet d’un nouveau débat. Les organisations syndicales entendent néanmoins l’aborder de façon critique et constructive, dans un souci de dialogue et de respect du fonctionnement démocratique de notre université.

Or nous observons des défauts d’information, de transparence et de gouvernance démocratique dans la gestion par la direction de l’université de la réforme de la formation des enseignants ainsi que dans la mise en place du Comité de Pilotage chargé de travailler à l’élaboration des maquettes de master. Nous déplorons en particulier que cette gestion centraliste vous ait conduit à ne pas respecter deux engagements.

Le premier engagement, formulé à plusieurs reprises, consiste selon vos vœux à « entreprendre un travail de fond sur la formation des enseignants, en y associant tous les acteurs de l’université » (lettre du Président à l’ensemble des personnels enseignants en date du 13 octobre dernier). Deux journées d’étude ont eu lieu les 25 juin et 14 octobre. Force est de constater que ces journées, qui n’ont fait l’objet d’aucune préparation ni concertation en amont avec les acteurs de la formation ou les représentants des personnels, n’ont pas été conçues pour définir collégialement des orientations ou déboucher sur des décisions collectives. Celles-ci sont prises, comme sur bien d’autres dossiers, dans le cercle fermé de l’exécutif. Ces journées apparaissent à beaucoup, non sans raisons, comme une pure démarche de communication, et non comme « un travail de fond ».
Le second engagement est relatif à la composition du Comité de Pilotage des masters que vous avez installé, Monsieur le Président, le 14 octobre. Dans votre lettre déjà citée du 13 octobre vous écrivez que « ce comité de pilotage réunira tous les acteurs de la formation, représentants des composantes disciplinaires, responsables universitaires de concours, responsables de l’IUFM, représentants des personnels, et étudiants ». Le Comité de Pilotage installé le 14 au matin comprend bien l’ensemble des catégories que vous citez – avec en plus trois membres du corps d’inspection et deux chefs d’établissement du secondaire – à l’exception de représentants des personnels. Et de fait, dans votre réponse du 13 octobre à une lettre des élus Agir vous demandant d’accepter trois représentants des personnels dans le Comité, vous répondez par la négative alors que le même jour vous preniez un engagement opposé. Nous ne comprenons pas.

Les élus et représentants Agir Ensemble pour une Université Démocratique ainsi que les représentants du SGEN/CFDT sont légitiment fondés à vous demander de revenir sur votre décision et vous prient d’accepter d’intégrer au Comité de Pilotage trois représentants des personnels qui auront été choisis collégialement par les organisations syndicales pour leurs compétences dans le suivi de ce dossier et leur expérience dans la formation aux métiers de l’enseignement.

N’estimez-vous pas important, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-Présidents, que les membres du Comité de Pilotage puissent entendre les propositions des organisations syndicales ? Celles-ci et certains de leurs acteurs qui suivent attentivement ce dossier depuis de nombreux mois auraient-ils moins de compétences techniques que des étudiants ou des « institutionnels »? N’est-il pas utile et légitime que des représentants des personnels puissent prendre une part active aux travaux de ce Comité en lui apportant leurs analyses et propositions ? Comme il est non moins légitime, par souci de transparence, que ceux-ci puissent rendre compte aux personnels de l’avancement des travaux dans la gestion d’un dossier aussi complexe et si important.

Après une rentrée très difficile pour tous les personnels, au moment où vous voulez initier des actions pour favoriser la démocratie dans notre université, il nous paraît urgent de rappeler que tout déficit d’information vers la communauté universitaire, que tout défaut de concertation ou de dialogue, que tout manque de transparence dans le fonctionnement de nos instances, pourraient être interprétés comme une dérive de la gouvernance de notre université et comme autant d’empêchements au développement d’une vie démocratique à laquelle les syndicats et l’ensemble des personnels sont particulièrement attachés.

Veuillez accepter, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-Présidents, l’assurance de nos plus cordiales salutations.

LES ELUS ET REPRESENTANTS AGIR ENSEMBLE POUR UNE UNIVERSITE DEMOCRATIQUE :SUD Education UDS, SNESUP-FSU, SNCS-FSU, SNTRS-CGT, SES-CGT, SNPREES-FO
ET LES REPRESENTANTS DU SGEN/CFDT.

À propos de Julien Gossa

Candidat au CEVU
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