Déclaration au Congrès mardi 4 octobre 2011

Ce Congrès très important de notre université, consacré à la préparation du contrat quinquennal 2013-2017, s’inscrit dans un contexte paradoxal : notre établissement n’a jamais été aussi riche en succès et promesses d’excellence et pourtant il ne s’est jamais aussi mal porté financièrement. La réduction des moyens alloués aux composantes, la réduction drastique des heures complémentaires ainsi que le coût des vastes restructurations présentes et à venir semblent avoir été largement ignorés par les concepteurs du prochain quinquennal. Les élus et représentants Agir Ensemble qui ont à maintes reprises alerté l’équipe présidentielle et les personnels sur les conséquences de la contraction forte de nos moyens et les risques de la course à l’excellence, portent un regard sévère sur l’ensemble des documents qui leur sont soumis.

Nous regrettons tout d’abord de n’avoir pas à nous prononcer sur les deux documents des grands axes de la recherche et de la formation, mais seulement sur un texte visionnaire de 5 pages qui correspond certainement aux attentes de l’AERES, mais qui s’apparente davantage à une belle plaquette de communication qu’à un véritable plan stratégique. Conjuguer 2017 au présent ne dispense pas de définir précisément les modalités et les moyens d’atteindre des objectifs aussi ambitieux que ceux qui nous sont présentés. Si nous concédons que l’UdS est bien « précurseur dans la transformation actuelle du système universitaire national », nous considérons aussi qu’être à la pointe d’une transformation dangereuse par bien de ses aspects, n’est pas nécessairement une vertu. Le primat donné à une recherche fortement indexée sur les projets d’excellence nous fait craindre un grave défaut de dialectisation ou de liens, pensés et construits, entre formation et recherche.

A l’instar des autres documents, le rapport d’auto-évaluation oublie le bilan de l’accroissement des charges depuis la fusion, des dysfonctionnements récurrents de bien des services et des problèmes de gouvernance. Il est à craindre que les personnels ne se reconnaîtront pas dans cette  « vitrine ». Nous considérons pourtant qu’une communauté universitaire doit savoir objectiver honnêtement et sincèrement les difficultés qu’elle rencontre pour pourvoir les surmonter. Nous croyons encore que les progrès dépendent davantage d’une d’analyse critique que d’un discours permanent d’autocélébration.

Ainsi en va-t-il également des « grands axes » de formation de l’UdS qui, comme souvent depuis deux ans, manifestent un degré d’autosatisfaction quelque peu excessif. Enrobées dans la novlangue si « moderne » du management et de la communication, les réalités de l’université disparaissent derrière les mantras de « l’excellence », de « la démarche qualité », de la « mesure de la performance », des « projets de pédagogie innovante », etc. Or de quelles performances peut-il être question lorsque le document nous apprend qu’il s’agit avant tout de « maitriser les coûts » pour procéder « sans augmentation des moyens nécessaires » ? L’inclusion du référentiel dans « l’estimation de la masse salariale consacrée à l’enseignement et à la pédagogie » suggère plutôt, si nous sommes bien « à moyens constants », une diminution des ressources réelles consacrées à l’offre de formation. La contraction dès septembre du nombre des heures d’enseignement délivrées par l’UdS (moins 80.000 HTD, soit l’équivalent de la disparition de deux composantes de bonne taille) devrait achever de nous convaincre du caractère illusoire de toutes les « démarches qualité » et « pédagogies innovantes » présentées ici comme autant de leurres. Etrangement, aucune mention n’est faite dans le document des suppressions d’heures comme si la dure réalité de la gestion de la pénurie ne devait en aucun cas entacher un projet ayant la perfection qui sied aux meilleurs plans de communication.

La stratégie générale de recherche telle qu’elle nous est exposée ne laisse pas de nous inquiéter. Nous sommes convaincus qu’elle conduira à mettre en place une université à deux vitesses. Cette stratégie dépend trop de l’existence d’un périmètre d’excellence lié aux succès de Strasbourg aux appels d’offres « Investissements d’avenir ». Les Labex disposeront de leur propre gouvernance qui n’aura aucun compte à rendre à quiconque, si ce n’est à l’Agence elle même. De plus, une fois établie la contrainte d’un financement 4 fois plus favorable au  périmètre d’excellence, on voit mal comment les mécanismes de l’IDEX pourraient bénéficier aux 2/3 des chercheurs et enseignants-chercheurs du site hors périmex. D’autres dispositifs de fléchage (organismes ou Fondation) renforceront ces inégalités. Dans ces conditions, on comprend mal pourquoi le comité de pilotage de l’IDEX ne se rapproche pas des conseils en intégrant certains de leurs membres pour assurer davantage de cohérence et réaliser un peu de cette « culture de gouvernance à l’efficacité avérée » dont se flatte le préambule de la plaquette qui est soumise à notre vote.

    La restructuration du secteur biomédical illustre une autre dérive possible. La création d’une fédération de recherche et d’un Institut de recherche translationnelles se ferait dans un fort couplage  avec les Labex, l’IHU et les pôles de compétitivité.  Il  laisse une place très imprécise à la recherche fondamentale en biologie qui nous a pourtant valu un nouveau prix Nobel. Si on ajoute une extrême dispersion des demandes d’équipes associées et INSERM, il est à craindre de fortes restructurations aux effets délétères, à l’initiative de l’AERES.

En SHS, la reconfiguration de Prisme, liée à un projet de Labex, la création de SAGE, toutes deux demandant le statut d’UMR, ne  laissent-elle pas dans l’ombre le fort potentiel et l’existence même de l’UMR « Cultures et Sociétés en Europe »?  Il conviendrait d’affirmer le soutien de l’Université à toutes ses UMR, au profit de la nécessaire diversité de nos champs disciplinaires ou théoriques qui font la richesse de la recherche en SHS. La faiblesse de la réflexion sur la politique documentaire nous semble également très préjudiciable.

Si certaines mises en commun ou nouvelles collaborations peuvent être nécessaires, l’ajout de  « mutualisations » forcées (PSP) ou de structures externalisées (SATT), à des collegiums si peu ouverts aux  chercheurs et enseignants-chercheurs et dont l’utilité n’a jamais été évaluée, ne nous semblent qu’une adaptation de plus à un système imposant la multiplication de contractuels au détriment des postes de titulaires, menaçant ainsi la notion même de service public à laquelle nous sommes attachés.

Enfin, de nombreux passages du document « Recherche » indiquent une volonté d’autonomisation de la direction de la recherche et des laboratoires par rapport aux composantes. Ainsi, la question de l’élaboration collective de l’offre de formation en liaison avec les laboratoires et les Equipes d’Accueil reste entière, semblant reposer sur la seule implication individuelle des enseignants-chercheurs dans leurs composantes de rattachement. Que vont devenir nos composantes ? Nous ne pouvons être pour une politique de recherche au périmètre si restreint alors qu’elle devrait être élaborée par tous et pour tous.

Agir Ensemble pour une Université Démocratique

(SNESUP-FSU, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SUD Education UDS,

SNPREES-FO, SNTRS-CGT, SES-CGT),

À propos de Julien Gossa

Candidat au CEVU
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