Contre la présidentialisation des élections aux trois conseils centraux

J’entends des collègues s’interroger sur l’absence de candidat à la présidence dans nos listes « Pour l’université de Strasbourg : responsabilité, démocratie, collégialité ».
Je comprends cette interrogation.
La réponse pour moi est claire, mais demande quelques explications.

D’abord, il faut rappeler que, dans ces élections, nous n’élisons ni un-e président-e, ni des vice-président-e-s, mais bien des conseillères et des conseillers, qui siégeront dans des conseils. Ceux qui disent que, en réalité, on vote pour un-e président-e, contribuent malheureusement à donner à celui ou celle qui se met ainsi en avant trop d’importance et trop de pouvoir.

Comme nous votons pour constituer des conseils, soit nous raisonnons sur les qualités supposées des personnes (nous votons pour un-e collègue de notre composante, en pensant que ce sera le gage d’une meilleure prise en compte de nos intérêts, dans un système d’avantages que l’on octroie à certains et pas à d’autres), soit nous choisissons un programme, à l’élaboration duquel les personnes qui se présentent avec ce programme ont participé et qu’ils défendront par la suite.

Notre liste s’est résolument engagée dans la seconde voie. Or, comme j’y ai participé moi-même, je peux affirmer que ce programme a été vraiment une élaboration collective. Et cela augure d’une mise en œuvre collective par la suite. A l’inverse, quand un programme est élaboré à deux ou trois, et que l’on constitue ensuite stratégiquement des listes de soutiens, choisis pour ramener le plus de voix possible, alors, il n’y a plus grand chose de collectif et ce n’est plus démocratique. Et cela augure de la manière dont sera gouvernée l’université par la suite.

Bien sûr, tout est fait en France pour personnaliser les élections. D’où ce réflexe de chercher la tête d’affiche. Si l’on prend le cas des municipales (sur lequel j’ai consacré plus de 15 années de recherches et plusieurs publications, et sur le modèle duquel ont été calquées les élections des universités depuis la LRU, avec cette prime de 50% des sièges à la liste arrivée en tête), on n’a même plus l’impression de voter pour des listes, tant la tête de liste prend une place prépondérante. Mais cette place est devenue réelle au point que le débat démocratique a quasiment disparu de nos conseils municipaux : soit vous êtes élu sur la liste du maire et vous faites partie de la majorité silencieuse et consentante, soit vous êtes dans l’opposition, et vos propositions ou vos critiques ne servent pas à grand chose… Ce genre de système conduit à une négation de la démocratie : toutes les décisions sont prises par le maire avec quelques lieutenants.

C’est exactement ce qui s’est passé dans les universités LRU en général et dans la nôtre en particulier : les conseils d’administration n’ont pas été associés à l’élaboration de la politique universitaire et ne sont devenus que de simple chambres d’enregistrement. Cela s’appelle l’hyperprésidentialisation. Nous y sommes farouchement opposés.

La garantie que la démocratie vive avant mais aussi après les élections, c’est de voter pour le contenu d’un programme, et non pour un homme ou une femme.

Dernier aspect : pour ceux qui pensent que nous n’aurions pas de candidats pour gouverner l’université, ils se trompent grandement. Nous avons 54 candidats et leurs CV sont en ligne. Les contacts que nous avons eus lors de l’élaboration de nos listes sont d’ailleurs encore plus nombreux. Le jour où il faudrait, si nous remportions ces élections, nous poser la question d’une participation à une équipe, le choix serait large : ce sera une question de compétences et de motivation, mais toujours dans le cadre d’un débat et d’un choix démocratiques. La plupart des syndicats qui nous soutiennent ont déjà déclaré qu’ils ne souhaitent pas gouverner en tant que syndicats, ce qui est bien compréhensible. Cela n’empêchera aucunement qu’un membre d’un de ces syndicats accepte de prendre des responsabilités, mais simplement pas au nom de son syndicat (un syndicat est là pour défendre les personnels). N’oublions pas par ailleurs que plus d’un tiers de nos candidats sont d’ouverture, c’est-à-dire non syndiqués.

À propos de Michel Koebel

Candidat au CEVU
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