Université de Haute-Alsace et Université de Strasbourg : un projet respectueux des spécificités pour le rapprochement des deux établissements

Les universités de Strasbourg et de Mulhouse ont des cultures et des modes de fonctionnement assez différents.
L’UHA est fortement connectée avec les entreprises autour de Mulhouse et celles du bassin bâlois.
Dans le cadre des filières textiles et bois(pôle fibre), mécanique (sous-traitants automobile) et chimie autour de Bale, les étudiants s’insèrent facilement au sortir de leur formation. Les formations LSHS sont en général à effectifs réduits et ont des bons résultats aux concours de la fonction publique. Cette forte interpénétration entre l’université et les acteurs socio-économiques proches a modelé les modes de fonctionnement tant dans la formation que dans la recherche de l’université de Mulhouse.
La création d’une Université d’Alsace, qui ne pourrait résulter que d’un accord mutuel des deux communautés universitaires, devrait dans tous les cas se faire en maintenant la diversité existante entre les deux universités, et leurs spécificités irréductibles. Le mode de fonctionnement de l’université de Strasbourg (ainsi que la manière dont la fusion a été réalisée entre les trois universités de Strasbourg) ne peut être utilisé, sous peine de voir se déliter l’UHA et sa capacité à accompagner le tissus de PME locales dans son adaptation à l’évolution des sciences et des techniques. Il est aussi essentiel de soutenir un développement local des LSHS à l’UHA et de maintenir des formations et une recherche de qualité.
Au lieu d’aller vers une fusion à marche forcée, il serait important de construire enfin une carte régionale de l’offre de formation, et pourquoi pas de créer un Institut virtuel des métiers et des formations en Alsace avec l’objectif d’avoir une cartographie des métiers existant et à venir, des compétences nécessaires pour exercer ces métiers et des formations permettant d’acquérir ces compétences. Ce type de travail a été réalisé par l’ONISEP pour les industries de Santé. Associé à un travail de prospective (Plan de formation 2010-2015), il constitue un outil indispensable pour aider à la mise en œuvre d’une politique nationale ou régionale de formation.
Avec l’aide de ces outils, un espace de dialogue largement ouvert aux personnels et étudiants, avec la participation active des élus (CA, CS, CEVU) et des deux CTE, permettra de finaliser la convention de rattachement entre les deux universités. Non de l’inter-U, mais un rattachement solide, substantiel et partagé. Il faut se donner le temps de la réflexion et du dialogue afin d’envisager toutes les conséquences financières et sociales des différents scénarios de rattachement et des modes de gouvernance envisagés.
Il sera nécessaire en amont d’envisager les méthodes de conduite du changement pour ne pas imposer des modifications de conditions de travail qui pourraient être traumatisantes pour les personnels.
Enfin, il faudra évaluer précisément les améliorations de la qualité des formations et de la recherche qu’apporterait la création d’une Université d’Alsace. Avoir un objectif, c’est bien. Encore faut-il savoir exactement pourquoi il faut le mettre en œuvre et comment le mettre
en œuvre. Avant de lancer un mot d’ordre de fusion, il faut être capable de faire la démonstration qu’elle constitue une plus-value et un atout majeur pour les deux universités, ses personnels et ses étudiants. Et pour le développement de la Région Alsace.

À propos de Jacques Haiech

Candidat au CEVU
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